Il était une fois
Un Chaussettes dans ma vie !
Il y a 10 ans, alors que je consultais les petites annonces à la recherche d'un Terre-Neuve, de race ou non, j'en trouvais une qui présentait des croisés Terre-Neuve à vendre.
N'ayant pas le téléphone à la maison, je suis sortie prestement vers la cabine et j'ai composé fébrilement le numéro. Une jeune femme m'annonça qu'une dame devait passer voir le dernier chiot disponible, un mâle noir avec le bout des pattes blanches. Je devais rappeler le lundi suivant pour savoir si elle l'avait réservé ou non. Déjà, dans ma tête, fourmillait l'idée que si je pouvais avoir le chiot, je l'appelerais Chaussettes. Comme dans Danse avec les Loups.
Pendant le week-end, j'ai rejoint mon ami, qui résidait dans l'Isère, alors que j'étudiais à Tours. Je lui ai annoncé que j'avais peut-être trouvé le chien de nos rêves, que je devais rappeler lundi pour savoir s'il était toujours disponible ou non. Nous avons passé le week-end à espérer.
Lundi soir, de retour en Touraine, j'appelais la jeune femme. Je n'osais entendre sa réponse. Allait-elle m'annoncer que le chiot était réservé ? Ou au contraire que je pourrais espérer l'adopter ? La sonnerie du téléphone m'a semblée interminable. Enfin, quelqu'un a décroché. J'ai reconnu la voix de la jeune femme. Ouf ! Elle était là !
La réponse ne tarda pas ! La dame s'était rétractée. Elle se serait finalement rendu compte qu'un Terre-Neuve, c'était gros ! Ben, forcément, si on veut un petit chien, on prend un Pinscher, pas un Terre-Neuve ! J'étais un peu rassurée. Pouvais-je venir le voir dans la semaine ? Sans problème. Rendez-vous était pris pour un mercredi soir, je crois
Les jours suivants ont été un calvaire. L'attente interminable. J'avais hâte d'être à mercredi soir, pour voir de quoi avait l'air celui qui serait peut-être mon futur chien Les cours s'égrenaient trop lentement à mon goût ! Enfin, la fin de la dernière heure de cours du mercredi après-midi arriva. J'allais savoir !
Après quelques détours dans la campagne tourangelle, je touchais enfin à mon but. Je frappais timidement à la porte, qui ne tarda pas à s'ouvrir. Je fus accueillie chaleureusement par la jeune fille, qui se présentera comme étant Delphine.
Dans la salle à manger, de jeunes amis à elles, d'une quinzaine d'années, jouaient gentiment avec les chiots. Trois. Mon regard se porta directement sur un gros bébé aux superbes chaussettes blanches. Dommage que cela ne soit pas lui, la dame avait dit : "Le bout des pattes blanches", cela devait donc être cet autre chiot, qui n'avait que de toutes petites chaussettes. D'ailleurs, j'apprendrais un peu plus tard que c'était son nom. Zut alors !
"Le chiot qui reste, c'est celui-là." Je n'en croyais pas mes yeux ! Je ne rêvais pas, elle me montrait le chiot qui m'avait tapé dans l'il ! MON Chaussettes ! "Il vous plaît ?" "Et comment ! Si c'est d'accord pour vous, je le prends sans hésitation !". Nous avons discuté longuement de Belle, la maman, croisée Terre-Neuve blanche avec des taches noires, un peu comme un Landseer, ce cousin du Terre-Neuve. De Harley, le papa des bébés, Terre-Neuve pure race qui officiait aux côtés de son maître sur les plages de Mimizan. De Lypsie, Chaussettes-femelle et Gringo, qui allait devenir Chaussettes-mâle !
Belle, la maman de Chaussettes. On aperçoit ce dernier à gauche.
D'ailleurs, Chaussettes avait failli jamais ouvrir les yeux sur le monde. Il avait été convenu qu'on ne garderait que les trois premiers chiots. Trois, c'est bien assez pour une chienne comme Belle, et plus, ce serait difficile à caser. Delphine a vu les premiers naître. Il arriva vite, le temps où il fallut supprimer les surnuméraires. Chaussettes ne dût son salut qu'à ses originales chaussettes blanches, agrémentées d'un magnifique collier blanc. Trompe-la-Mort malgré lui, mon Chaussettes !
Delphine et Franck, son mari, ont été formidables ! Ils m'ont permis de venir voir régulièrement Chaussettes durant le dernier mois avant le sevrage. J'ai ainsi pu suivre son évolution, m'incrustant chez eux au moins deux fois par semaine ! Nous avons sympathisé rapidement. Le contraire eût été difficile, tant ils étaient gentils !
J'ai pu voir grandir mon chiot au fil des semaines... Lypsie à droite.
L'ami qui devait initialement leur prendre la petite Chaussettes s'était désisté. Ils avaient décidé de la garder et de la baptiser Leïa, à cause de ses immenses oreilles qui rappelaient la fameuse coiffure de la Princesse du même nom dans Star Wars.
Lypsie, Leïa et Chaussettes grandirent sereinement aux côtés de leur maman et de leurs maîtres bienveillants. Parfois, Belle faisait une surprise à ses maîtres. Elle parvenait à ouvrir la porte de la pièce où elle était dans la journée et venait s'affaler sur le canapé. Ces jours-là, les chiots en profitaient pour faire les pires bêtises que leur permettait leur taille non négligeable !
Avant le passage des chiots, il y avait des plantes sur tout le meuble !
Le jour-même où je devais aller chercher Chaussettes, Belle avait encore ouvert la porte. Les chiots s'étaient engouffrés dans le salon, avaient renversé des pots de fleurs, s'étaient amusés comme des fous à courir dans la terre répandue, avaient fait pipi et caca partout, s'étaient roulés dans la boue ainsi formée ! De retour, Delphine et Franck avaient du tout nettoyer ! Et à mon arrivée, mon Chaussettes avait encore des traces de boue séchée sur son pelage ! Mais comme à son habitude après une bêtise, il faisait sa gueule d'ange !
Avouez, comment ne pas craquer ! Tout y est, même le noeud !
Vint le moment de régler l'achat de mon bébé. Coup de théâtre ! Delphine et Franck, prétextant qu'ils avaient trouvé les maîtres idéaux pour leurs protégés, refusèrent tout net la somme initialement convenue, qui devait rembourser les frais d'alimentation des chiots. Ah mais, ça ne se passerait pas comme ça ! Je jetais un regard complice à Peggy, ma sur qui m'accompagnait, et me dirigeais vers les toilettes. J'y déposais discrètement un petit billet en espérant qu'ils ne le trouvent qu'après mon départ !
Chaussettes a quitté sa môman et ses éleveurs, mes nouveaux amis. Une nouvelle vie, la plus longue possible, l'attendait. Dix ans bientôt qu'il me suit comme mon ombre (il a même assisté à un de mes cours d'informatique à la fac, si, si !), à la maison, en vacances, et même, ces dernières années, au travail. Au fil des ans, Chaussettes s'est révélé la coqueluche d'une nuée d'enfants En mars dernier, quelques jours avant mon 33ième anniversaire, il a réussi à saillir sa première chienne. Pour comble de bonheur, ce sera Elypse, celle qui était devenue entre temps, mon deuxième Terre-Neuve de Pacotille ! Mais ça, ce sera pour un autre jour !